2018 : Andréa Richard et Nadia El Mabrouk

Vidéo de la remise du Prix Condorcet-Dessaulles 2018 gracieuseté de Pierre Cloutier (17 décembre 2018)

Présentation des lauréates du Prix Condorcet-Dessaulles 2018 par la présidente du Mlq, Lucie Jobin

Nadia El Mabrouk et Andréa Richard, lauréates du Prix Condorcet-Dessaulles 2018

Le Mouvement laïque québécois souhaite honorer cette année Mesdames Andréa Richard et Nadia El-Mabrouk, deux militantes infatigables pour l’abolition du cours Éthique et culture religieuse du programme scolaire enseigné au primaire et au secondaire depuis 2008.

Quelques précisions, d’abord, sur le prix Condorcet-Dessaulles avant de présenter nos lauréates.
Le Prix Condorcet-Dessaulles a été institué par le Mouvement laïque québécois en 1993, il y a 25 ans, pour souligner la contribution marquante d’une personne ou d’un groupe de personnes à la promotion et à la défense de la laïcité au Québec.
Nicolas de Condorcet (1743-1794), rappelons-le, était un grand philosophe politique et économiste, mathématicien et homme politique français, il s’engagea activement dans la lutte pour le respect des droits humains, prit la défense de la liberté de conscience, du droit de vote pour les femmes, de la liberté de presse, du droit pour tout citoyen d’exercer la religion de son choix ou de n’en exercer aucune, pour la séparation de la religion et de l’État, pour la répartition égalitaire des richesses. Condorcet est ainsi considéré à juste titre comme le penseur de la laïcité moderne et de la démocratie républicaine.
Dans le Québec du XIXe siècle, Louis-Antoine Dessaulles, (1819-1895) essayiste et homme politique, neveu de Louis-Joseph Papineau et membre de l’Institut canadien de Montréal, mena un combat inspiré du même idéal, en faveur de la liberté de pensée. Il affrontait le cléricalisme ultramontain qui prétendait alors constituer le pouvoir ecclésiastique en véritable État dans l’État. Son action et son œuvre font de lui un fils spirituel de Condorcet en terre québécoise.

Nadia El Mabrouk, Lucie Jobin et Andréa Richard

Commençons par madame Richard,

Andréa Richard est entrée chez les religieuses à 16 ans dans l’espoir d’aider les pauvres. L’Église catholique l’a plutôt transformée en fille obéissante et ignorante. Après vingt ans de désillusions, en 1971, elle a quitté le voile pour se réapproprier sa vie. Aujourd’hui, celle qui se faisait appeler sœur Xavier-Marie-de-la-Trinité est devenue une ardente défenseure de la laïcité.
Issue d’une famille aisée, son enfance à Bouctouche, a été marquée par certains faits : la différence constatée entre les pauvres du pays de la Sagouine et les riches notables du village. À l’église, les riches payaient un banc, pour être assis dans les premières rangées, au milieu des chaises pour la classe moyenne et à l’arrière, debout pour les pauvres. Elle considérait déjà une discrimination envers les pauvres et contradictoire avec les enseignements du Christ.
Ensuite dans sa vie chez les Petites Sœurs des pauvres, elle quête dans les marchés de Neuilly et dans les grands édifices de Paris pour apporter de la nourriture aux vieillards ne recevant pas de pensions et vivant dans une pauvreté extrême, Elle subit un choc à la vue d’une religieuse qui se suicide, et son passage, par la suite chez les Carmélites cloîtrées.
Des règlements sévères, inhumains et absurdes étaient imposés par la haute hiérarchie patriarcale du Vatican.
Libérée du couvent en 1971 et revenue au Canada, elle fonde l’Alliance, une école de spiritualité laïque, De 1980 à 1994, elle devient vice-présidente du mouvement CLAC, Collectif libre d’actions concertées pour promouvoir la liberté, la justice et l’égalité entre femmes et hommes.

Au cours des années 1972 à 1995, elle a donné des conférences au Canada : dans les provinces d’Ontario, Nouveau-Brunswick, Québec, à Nantes, Lyon, France, et Paris, ainsi qu’à Barrington, Rhode Island, U.S.A. Dans des paroisses, écoles, et divers groupes. Elle proposait une spiritualité laïque. Pour une spiritualité positive allant à l’encontre de la spiritualité négative des religions.

Déjà en 1994, elle organise une manifestation devant la cathédrale de Trois-Rivières, pour l’égalité de l’homme et de la femme dans l’Église et dans la société.
En 1995, Andréa a publié Femme après le cloître, un récit autobiographique qui raconte son parcours et dévoile sa liaison interdite. La même année, elle a fait la rencontre de Gilles Vallée, avec qui elle s’est mariée trois ans plus tard. « C’est un homme très cultivé qui m’a beaucoup aidée dans mon cheminement. Et tout comme moi, il n’est pas croyant. »
Au fil de ces années, les valeurs d’égalité homme/femme et de laïcité citoyenne sont devenues prioritairement soudées à l’existence de la démocratie pour toi Andréa.

Membre de l’UNEQ (Union des Écrivains Québécois) comme auteure de six livres don’t: Femme après le cloître, 1995, Au-delà de la religion, 2004 et L’Essence de la Vie, 2007, Septentrion,
Elle fut conférencière et animatrice invitée dans divers milieux du Québec, du Nouveau-Brunswick, de l’Ontario et, occasionnellement, en France et aux États-Unis.
À la sortie de son livre Femme après le cloître, a été interviewée à plusieurs postes de télé et de radio ainsi que par plusieurs journaux et revues.

Elle a aussi présenté plusieurs mémoires en commission parlementaire et à la commission Bouchard-Taylor.

Dans la foulée de cette commission sur les accommodements religieux et le projet de loi 94, madame Richard participe à plusieurs débats, conférences et émissions de radio et de télévision.

Le 8 mars 2010 lors de la journée internationale de la femme (ma rencontre avec Andréa à Trois-Rivières)
Elle est à la tête d’une manifestation et d’une conférence de presse pour demander l’égalité de l’homme et de la femme dans toutes les religions, une charte de la laïcité et le refus des accommodements religieux.

Jacques Languirand grand philosophe très respecté au Québec et animateur à Radio-Canada a fait l’éloge de son livre Au-delà de la religion, et il a cité plusieurs passages dans son émission Par 4 Chemins. Il disait que ce livre était : « remarquable, d’actualité, et très instructif » et en recommandait la lecture. (2011)

Le 19 janvier 2012 : Projection du film DÉVOILÉE : parcours de vie d’Andréa Richard, au Centre des Humanistes, Montréal dans le cadre d’une Ciné-Conférence. Toujours en 2012, elle est interviewée par Ghislain Parent, professeur à l’Université de Québec à Trois-Rivières, qui publie aux Éditions de l’Université  Ni nonne ni pute je suis femme, qui relate et fait état du cheminement de la spiritualité d’Andréa qui va au-delà de la religion et qui commande la mise en place d’une plus grande laïcité au Québec et dans le monde. Elle veut sensibiliser les gens aux méfaits de toutes les religions, qui, entre autres, posent des entraves au développement de la femme.

Elle participe en 2015 à un documentaire sur la laïcité, réalisé par l’Université de Trois-Rivières, pour le CANAL SAVOIR. avec Djemila Benhabib, Daniel Baril.

Dans la foulée de la parution du volume collectif sous la direction de Daniel Baril et Normand Baillargeon La face cachée du cours Éthique et culture religieuse publié en août 2016, Andréa organise de nombreuses rencontres avec les députés et représentants des partis politiques (PQ, CAQ et PLQ) pour discuter du cours Éthique et culture religieuse. Le MLQ y participe avec l’Association humaniste du Québec et Pour les droits des femmes du Québec (PDF-Q), Madame El-Mabrouk sera des nôtres à quelques reprises.

Par la suite elle rédige une pétition demandant l’abolition du volet « culture religieuse » endossé par les Humanistes, approuvées par le Mouvement laïque québécois, et PDFQ pour les droits des femmes; et déposée à l’Assemblée nationale par Jean-François Lisée, alors chef du parti Québécois, le 6 décembre 2016. Elle continue à donner des interviews dans les médias et à écrire des articles à ce sujet dans les journaux. Cette pétition a recueilli plus de 5 000 signatures.

Elle a en plus au cours des dernières années mis sur pied un groupe
Sympathisants laïques et humanistes à Trois-Rivières avec l’aide de son ami Ghislain Parent et Michel Virard. Elle a même trouvé une relève pour poursuivre le travail de ce groupe.
Je cite ton amie Angélyne Vallée, pour conclure, « Petite femme si énergique, grande dame à la parole si libre et aux gestes conséquents qui vont avec, je veux simplement te dire MERCI Andréa d’être ce que tu es : une femme authentique ».

Remerciements et déclaration d’Andréa Richard

La plaque du Prix Condorcet-Dessaulles 2018

Présentation de Nadia El Mabrouk par Myriam Morissette, membre du Conseil national du Mlq

Remerciements de Nadia El Mabrouk

Nadia, ses enfants, des amis du MLQ, de PDFQ et de l’AQNAL

Nadia, ses enfants, des amis du MLQ, de PDFQ et de l’AQNAL

 

Nadia, ses enfants, des amis du MLQ, de PDFQ et de l’AQNAL

 

Nadia, ses enfants, des amis du MLQ, de PDFQ et de l’AQNAL